Du site ANCRAGE : Dans un texte revisitant l’histoire russe — récente et ancienne — Vladimir Sorokine, le grand romancier russe, décrypte la transformation de Vladimir Poutine, “ce bel homme plein de vivacité”, en “monstre impérial”.
¨ Le 24 février, l’armure de l’“autocrate éclairé”, que Vladimir Poutine a revêtue il y a plus de vingt ans, s’est craquelée avant de tomber en morceaux. Le monde a vu surgir un monstre, insensé dans ses désirs, sans pitié dans ses décisions. Ce monstre avait grandi peu à peu, gagnant en force année après année, marinant dans son autorité absolue, ses agressions impériales, sa haine pour la démocratie occidentale, sa rancœur tenace née de la chute de l’URSS. Maintenant, l’Europe va devoir se colleter non plus avec l’ancien Poutine, mais avec le nouveau. Il a tombé son masque de “partenaire commercial” et de “collaborateur pacifique”, on ne pourra plus jamais faire la paix avec lui. Comment en est-on arrivé là, et pourquoi ?
Le fatal anneau du pouvoir russe !
Quand Poutine a été mis sur le trône de Russie par un Boris Eltsine souffrant, son visage était plutôt sympathique, il avait même quelque chose d’attirant — et son discours était parfaitement sain. Beaucoup ont eu l’impression que l’homme placé au sommet de la pyramide du pouvoir russe était un fonctionnaire intelligent, dépourvu de toute arrogance. Un esprit moderne, qui comprenait que l’avenir de Russie postsoviétique passait nécessairement par la démocratie. À l’époque, Poutine parlait volontiers de démocratie dans ses interviews, il promettait aux citoyens de la Fédération de Russie des élections libres, la poursuite des réformes, la liberté d’expression, le respect des droits de l’homme, la coopération avec l’Occident, et plus important encore, une rotation constante des personnalités au pouvoir.
“Je n’ai pas l’intention de m’accrocher à cette chaise !” avait-il déclaré.
En Russie, le pouvoir est une pyramide. Cette pyramide a été construite au XVIe siècle par Ivan le Terrible — un tsar ambitieux, violent, débordé par sa paranoïa et beaucoup d’autres vices. À l’aide de son armée personnelle, l’opritchnina, il établit une division cruelle et sanglante de l’État russe entre le pouvoir et le peuple, l’ami et l’ennemi — division qui allait devenir la plus profonde des douves.
Le cadavre du monstre soviétique !
Paradoxalement, le principe du pouvoir russe n’a absolument pas changé depuis cinq siècles. Pour moi, c’est la principale tragédie de notre pays. Depuis tout ce temps, notre pyramide se dresse intacte, et malgré des changements superficiels, sa forme fondamentale est restée la même. Il y a toujours eu un seul dirigeant russe à son sommet : Pierre le Grand, Nicolas II, Staline, Brejnev, Andropov… Aujourd’hui, Poutine règne du haut de la pyramide depuis plus de vingt ans¨ ( Voir le lien au complet )
Pégé
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