Salut à tous,
Du site Slate.fr : J'avais 13 ans. L'âge de la bar-mitzvah. Quand on m'a amené de force à la synagogue lire un texte que je ne comprenais même pas.
¨ J’étais âgé de 13 ans et des poussières quand, à la suite de je ne sais quel décret venu tout droit des latitudes célestes, on décréta que j’étais un homme. Haut comme trois cigarettes au miel se donnant l’accolade, imberbe tel un dalaï-lama en sandales au sortir de sa douche, sentant encore bon la naïveté et l’innocence de l’enfance, je fus amené de force à la synagogue afin d’accomplir l’acte fondateur de tout homme juif, la bar-mitsva et ses mille et un sortilèges.
L’année précédente, une à deux fois par semaine, un rabbin était venu à la maison m’initier à l’hébreu. Péniblement, n’étant alors doué pour rien, de mauvaise grâce, j’avais appris son alphabet. Le jeu savant des consonnes et des voyelles, le phrasé si particulier de la langue, l’initiation mille fois recommencée aux règles de grammaire les plus élémentaires. Étrange exercice puisque si, au bout de quelques semaines, j’étais capable de le réciter à peu près, de déchiffrer non sans difficulté quelques phrases écrites dans la langue de mes prétendus ancêtres, je n’en saisissais pas le sens.
Je lisais sans comprendre comme un perroquet ahuri qui passerait son temps à répéter des phrases apprises par cœur en une approximative et hésitante récitation. Ce n’était pas prévu dans le programme. Le temps était compté et si je voulais être prêt pour le grand jour, il fallait renoncer à explorer plus en avant cette langue étrange dont je m’appliquais à épouser le rythme sans me départir de mon accent profondément franchouillard, en totale contradiction avec le rythme séculier des versets bibliques qui imposent un chant roulant venu des tréfonds de la gorge. J’éructais plus que je ne chantais et quand j’essayais de descendre dans les graves afin d’imiter les accents des prophètes d’antan, ma voix se brisait net, se répandant en des gémissements aigus qui terrorisaient tout le quartier.
Patiemment,
le rabbin m’expliqua la Bible, l’exode, Jacob, Joseph, Moïse, les
principes fondateurs du judaïsme avec ses règles à foison. Je n’étais
pas convaincu, loin de là. Je ne comprenais pas pourquoi on avait le
droit ou pas de manger des poissons avec des sabots fendus ou des animaux pourvus d’écailles,
et lui, désemparé devant la rare mais constante stupidité de mes
questions –un jour je lui demandai si Dieu lui-même avait un Dieu auquel
il devait rendre des comptes– se perdait en explications foireuses qui
achevaient de me rendre encore plus circonspect. Il élevait la voix,
gratouillait nerveusement sa barbe grise, enlevait sa kippa pour mieux
la remettre, s’épongeait le front, marmonnait quelques borborygmes qui
devaient sonner comme des insultes et quand il me demandait de réciter
le morceau de Paracha
censé être lu le jour de ma bar-mitsva, tout à fait horrifié par mon
absence totale de sens choral, il levait les yeux au ciel en implorant
une aide divine.
Enfin le grand jour arriva...¨.
( Voir l`article au complet )
http://www.slate.fr/story/174867/jour-devenu-homme-bar-mitsva?utm_medium=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1553164079
Pégé
Windows 7 / Windows XP Pro / Windows 10 / Ubuntu 14.04 LTS / Linux Mint 17 MacOS X iBook, version 10.4.11 ¨Tiger¨.
Du site Slate.fr : J'avais 13 ans. L'âge de la bar-mitzvah. Quand on m'a amené de force à la synagogue lire un texte que je ne comprenais même pas.
¨ J’étais âgé de 13 ans et des poussières quand, à la suite de je ne sais quel décret venu tout droit des latitudes célestes, on décréta que j’étais un homme. Haut comme trois cigarettes au miel se donnant l’accolade, imberbe tel un dalaï-lama en sandales au sortir de sa douche, sentant encore bon la naïveté et l’innocence de l’enfance, je fus amené de force à la synagogue afin d’accomplir l’acte fondateur de tout homme juif, la bar-mitsva et ses mille et un sortilèges.
L’année précédente, une à deux fois par semaine, un rabbin était venu à la maison m’initier à l’hébreu. Péniblement, n’étant alors doué pour rien, de mauvaise grâce, j’avais appris son alphabet. Le jeu savant des consonnes et des voyelles, le phrasé si particulier de la langue, l’initiation mille fois recommencée aux règles de grammaire les plus élémentaires. Étrange exercice puisque si, au bout de quelques semaines, j’étais capable de le réciter à peu près, de déchiffrer non sans difficulté quelques phrases écrites dans la langue de mes prétendus ancêtres, je n’en saisissais pas le sens.
Je lisais sans comprendre comme un perroquet ahuri qui passerait son temps à répéter des phrases apprises par cœur en une approximative et hésitante récitation. Ce n’était pas prévu dans le programme. Le temps était compté et si je voulais être prêt pour le grand jour, il fallait renoncer à explorer plus en avant cette langue étrange dont je m’appliquais à épouser le rythme sans me départir de mon accent profondément franchouillard, en totale contradiction avec le rythme séculier des versets bibliques qui imposent un chant roulant venu des tréfonds de la gorge. J’éructais plus que je ne chantais et quand j’essayais de descendre dans les graves afin d’imiter les accents des prophètes d’antan, ma voix se brisait net, se répandant en des gémissements aigus qui terrorisaient tout le quartier.
Enfin le grand jour arriva...¨.
( Voir l`article au complet )
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